Interviewée par les principaux personnages de ses livres...

.

 

 

 

 

 

 

Lullaby de "la caresse de l'ortie"

Lullaby : -Est-ce que tu lis beaucoup ?

Christine : -Je ne lis pas autant que je le désirerais. Ado, je dévorais les romans : contemporains, classiques. Mais j'ai un petit problème avec la lecture : quand je commence un livre, je deviens accro et j'ai beaucoup de mal à m'arrêter avant la dernière page. C'est un peu gênant... Aussi je me limite à lire des romans courts afin que le travail, les autres, la maison... ne pâtissent pas trop longtemps de mes absences!

 

Luis de "la caresse de l'ortie"

Luis : -Est-ce qu'écrire est pour toi un acte politique?

Christine: -Un acte politique?

Luis : -Oui. L'écriture pourrait-elle changer le monde?

Christine: -Changer le monde, je ne sais pas. Mais changer l'individu, oui, pourquoi pas... Personnellement, la lecture possède sur moi un véritable effet de transformation. Il m'est arrivé, après avoir refermé un livre, d'en ressortir différente. Transformée. D'être touchée au cœur. Aucun autre art n'a ce pouvoir sur moi. Donc si la lecture peut changer l'Homme, peut-être, alors transforme-t-elle le monde? La réponse te satisfait-elle?

Luis: -Et bien… disons qu'elle ne correspond pas exactement à ce que j'appelle de la politique. Et je t'avoue qu'avant d'avoir connu Lullaby, je t'aurais répondu "NON, elle ne me satisfait pas". Mais aujourd'hui, je comprends un peu ce que tu veux dire....

 

 

Anna de "l'hombre de AnnA"

Anna : -J'ai décidé de devenir psychiatre tardivement. J'imagine que pour toi, c'est différent. Qu'être écrivain, c'est une vocation de toujours?

Christine : -Et bien je vais te décevoir, mais non ! J'ai souvent eu envie, au cours de ma vie, "d'écrire des histoires". "D'écrire des histoires d'Homme" pour mieux le comprendre, ce drôle d'animal. Mais c'était lointain dans ma pensée. Car être écrivain, qu'on le veuille ou non, c'est quand même un peu se mettre les tripes à l'air. Et je n'étais pas prête à cela, plus jeune. Et puis aux alentours de la quarantaine, c'était le moment ! J'étais prête, le désir s'est cristallisé et... s'est transformé en acte.

 

 

Carmela de "Tout ce qu'il faut laisser"

Carmela : -Pourquoi m'as-tu fait arriver dans la région de Nantua?

Christine : -Car Nantua est une terre où sont venus travailler... et vivre de nombreux italiens. Mais aussi car c'est là où je vis et que j'aime cette région. Et toi, Carmela? As-tu réussi, à l'aimer ?

Carmela : -je ne sais pas. Je pense que oui mais... Connais-tu l'Italie, le sud de l'Italie?

Christine : -Non, je n'ai pas cette chance. J'aimerais beaucoup, c'est tellement fantastique de voyager, de découvrir d'autres terres, d'autres pays, d'autres cultures !

Carmela : - Quand tu le choisis...

Christine : - Tu as raison. Quand tu le choisis et quand tu sais que tu peux revenir lorsque tu le décideras. Dans un article, un journaliste s'amusait de la différence de nomination entre "l'expatrié" et "l'immigré". Toi qui aimes les mots, Carmela, je pense que tu apprécieras cette différence qui en dit long sur ces deux façons de vivre en dehors de son pays ! Et sur le regard que l'on porte sur l'expatrié ou sur l'immigré !

 

 

Louisa dans "LOUISA" !

Louisa : -Est-ce que tu as un chat comme mon minou ?

Christine : -Oui, Louisa, j'en ai même deux.

Louisa : -Deux ?!?

Christine : -Et il y en a même un qui est une minette et qui, parfois, a des bébés chats.

Louisa : -Des chatons ? Oh! Est-ce que je pourrais venir chez toi pour les voir ?

 

 

Suzanne dans « le vent des aliénés »

Suzanne :-« Le vent des aliénés » est un roman particulièrement tragique !?

Christine :-Le fond historique est la montée du nazisme et la seconde guerre mondiale. C’EST une époque tragique. Ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre ! Je n’aurais pas pu écrire un roman différent sur ce terreau.

Suzanne :-J’ai lu tes autres romans. Tu as de toute façon du mal à écrire des livres légers…

Christine :-C’est exact et cela étonne beaucoup les gens de mon entourage qui me trouve plutôt d’un naturel optimiste.

Suzanne :-Comment expliques-tu cela ?

Christine :-Dans l’écriture, je peux faire vivre ma part sombre comme je le souhaite, à travers les histoires, les différents personnages, l’époque que je choisis. C’est une incroyable liberté que donne le métier d’auteure.

Suzanne :-Mais tu n’as jamais eu envie d’écrire un roman divertissant ou feel-good, comme vous dites aujourd’hui ?

Christine :-J’y pense, parfois. Et puis j’écris. Mais pour l’instant, ce n’est pas ce qui émerge de ma création !

 

 

La vieille de « l’enfant-serpent »

La vieille :-Ttk !

Christine :-… ?

La vieille :-Ttk, ttk !

Christine :-Mais… Je… Vous n’avez pas de questions à me poser ?

La vieille :-La Vieille ne pose pas de question. La vieille y répond.

Christine :-Et bien… Je ne sais pas… Il paraît que vous lisez l’avenir ?

La vieille :-Oh, non ! La Vieille n’a pas cette prétention. La Vieille regarde juste le présent avec attention. Et le présent peut se montrer très bavard.

Elle prend l’album posé devant elle. Elle l’observe attentivement, elle le sent, le palpe, touche les fils de la reliure japonaise. Soudain, elle rit, de toute sa bouche sans dent.

Christine :-Pourquoi, riez-vous ?

La vieille :-C’est de voir le visage de La Vieille, quand elle réfléchit !

Christine :-Et bien ?

La vieille :-Et bien, cela fait rire La Vieille.

Soudain, elle plisse les yeux, en me regardant fixement.

La vieille :-Tu habites une maison-arbre, comme dans cette histoire !

Christine :-Une maison-arbre ?! Oh non, même si j’aimerais bien.

Elle plisse les yeux encore plus fort. On ne voit plus qu’un trait noir.

La vieille :Ta maison n’est pas en bois ?...

Christine :-Ah si, c’est exact. Ma maison est en bois.

La vieille :-Tu habites donc une maison-arbre.

Christine :-Et bien, oui, en quelque sorte, mais...

La vieille :-Le soleil descend à l’Horizon. Il est temps pour La Vieille d’aller cueillir les plantes du soir.

Christine :-Attendez ! Je voulais vous demander...

 

Mais elle est déjà partie.

 

 

Hilde dans « Les 3 verrous »

Hilde: -Pourquoi écrire un tel roman, presque 60 ans après le procès Eichmann ?

Christine : -Pourquoi ? Car je crois que l’humanité, ou plus exactement l’Homme, doit toujours remettre sur le métier certaines questions. Et malheureusement, les actualités me donnent raison ! Que ce soit l’élection d’un Trump aux USA, le film sur le cardinal Barbarin qui sort actuellement ou la montée des insultes et actes anti-sémites…

Hilde : -Mais pourquoi prendre le procès Eichmann ? Pourquoi ne pas parler justement de Trump, de Barbarin…

Christine : -Il est sans doute plus simple pour moi d’avoir cette distance que donne l’Histoire, que donne le temps qui s’est écoulé. Oui, c’est certainement plus simple…